28/07/2020 - Ce soir du 18 juillet 2020, j'ai profité de l'altitude du sommet du Puy-de-Dôme (1465 m) pour observer cette grande comète située sous la Grande Ourse, dans un ciel pur, stable et transparent. Le site est malheureusement affecté de la pollution lumineuse de Clermont-Ferrand, Saint-Ours, Pontgibaud, Riom, Montluçon… À 22h, elle était distante de 0.72 ua soit 108 millions de km de la Terre, et de 0.53 ua soit 79 millions de km du Soleil. Elle était passée au plus proche du Soleil, le périhélie de son orbite, le 3 juillet 2020 vers 16h UT à 0.29 ua soit 44 millions de km. Le spectacle stellaire était au rendez-vous aussi bien à l'œil nu qu'aux jumelles 10x50 et 20x70. Ce moment d'exception s'est aussi transformé en partage avec des jeunes randonneurs présents pour le coucher du Soleil, en bivouac pour la nuit. Mes paires de jumelles passaient de mains en mains pour découvrir la chevelure de la comète, Saturne et son anneau, Jupiter et ses satellites, des amas d'étoiles, nébuleuses et la Voie Lactée… Nous avons observé deux passages de la station spatiale ISS. Un beau souvenir y compris pour la descente par le chemin des Muletiers de nuit, vers 3h. Rendez-vous dans 6700 ans ma belle !

Les comètes sont des petits corps, les plus anciens du système solaire (1 à plusieurs dizaines de kilomètres, typiquement 5 km). Certaines restent capturées proches du Soleil et des grandes planètes, et sont périodiques à l'échelle humaine. D'autres ont des orbites beaucoup plus elliptiques et lointaines, elles ont des périodes longues de plusieurs centaines ou milliers d'années. D'autres s'échappent/sont éjectées pour la première fois des réserves très lointaines de la ceinture de Kuiper (vers Neptune, Pluton…), ou bien au-delà, aux limites du système solaire, depuis le nuage de Oort (20.000 à 100.000 ua). Parfois elles sont même interstellaires. Ces petits corps primordiaux sont constitués d'eau glacée, méthane, ammoniac, sodium …, de poussières, de blocs poreux. En se rapprochant du Soleil, la surface du noyau se réchauffe assez rapidement (car absorbante noir charbon) et les glaces se subliment, les poussières et blocs s'échappent, les falaises se fragmentent… La pression augmente sous la surface, des bulles se forment et provoquent des puits d'effondrement qui forment des jets geysers assez rectilignes guidés par la forme de cette dépression. De nouvelles comètes sont régulièrement découvertes par les observatoires spatiaux, plus rarement maintenant par des observateurs. La plupart ne sont pas visibles à l'œil nu. Certaines sont totalement fragmentées et détruites au plus proche du Soleil, proche du périhélie de l'orbite. Mais, tous les 10, 20, 30 ans, une comète est exceptionnelle par la configuration de son orbite, sa nature (1910-1986 1P/Halley, 1995 Hale-Bopp, 1996 Hyakutake, 2006 Mc Naught…). Elle se transforme en un véritable spectacle stellaire de grande comète. On peut alors l'observer à l'œil nu : le noyau comme un point plus lumineux d'aspect stellaire flou, la coma/chevelure située autour du noyau (blanc-jaune, verdâtre carbone diatomique C₂), et, les queues de plasma (bleue ion monoxyde de carbone CO+, gaz ions et électrons poussés à l'opposé par le vent solaire), la queue de poussière (blanche, grains plus lourds poussés par la pression de radiation solaire le long de sa course sur son orbite), ou encore une queue de sodium jaunâtre comme C/2020 F3. Lorsque la Terre traverse d'anciennes queues de poussières laissées par une comète, on observe alors une pluie d'étoiles filantes. Le passage à proximité du Soleil et des grandes planètes fait subir une forte influence gravitationnelle. Les paramètres orbitaux évoluent. Par exemple la période de C/2020 F3 était de 4400 ans avant son passage et de 6700 ans après ce passage.

Les comètes intriguaient les premiers observateurs. Sans explications rationnelles et sans connaissances, les augures, astrologues et autres sorciers, devins ou dingues profitaient de cette occasion et de la crédulité humaine pour prédire bons ou mauvais présages.

Placez-vous dans une ambiance sombre pour recréer le contexte adapté de la prise des vues, chargez l'image en pleine résolution et affichez la en plein écran :

Version 2D : Canon EOS 5D Mark II - EF 24 mm f/1.4L II USM, 800 ISO, pose de 15 s. Beaucoup de rafales de vent ascendant sur la face nord ce qui explique les bougés de pose des sources les plus lumineuses des villes. Nous devons stopper la pollution lumineuse qui gaspille des mégawatts/h.

Version en relief - Stéréophotographie en vue croisée X : Canon G11 - 6 mm f/2.8, 800 ISO, 15 s, RAW, base stéréoscopique d'environ 50 m. Mes deux Canon G11 étaient aux limites de leur sensibilité. Le traitement passe par la somme de plusieurs images (compositage) pour obtenir un rapport signal/bruit correct sur les Puys non éclairés par la Lune durant cette nouvelle lune. Un passage par l'Intelligence Artificielle IA pour supprimer efficacement le bruit car les filtres mathématiques usuels n'étaient pas assez efficaces. La puissance de l'IA sur le traitement du bruit m'a totalement bluffé sur cet exemple. Il reste une trame résiduelle visible sur l'un des appareils.